De Joe Brainard, j'ai adoré ses
Je me souviens, j'ai
lu cela en 1999 à Casablanca. L'un d'entre eux reste gravé
en moi :
Je me souviens de : « N'importe
quel enfant peut faire ça ». Dans le rêve
bienséant, tempéré d'humeur, je tends le livre abîmé publié
chez Actes Sud à Françoise Schein en ajoutant :
mon
neveu, un enfant de cinq ans, a rêvé que la maison
familiale était en feu, n'importe quel enfant ne peut pas
rêver cela. La maison en feu, c'est le monde qui brûle.
Assis à la table du Grand Banket à Bruxelles, en face de la
Tour Noire, toutes les maisons aux alentours ont été
détruites par les flammes. On a chaud, l'été ne s'est plus
arrêté depuis mai 2018. Les maisons brûlent les unes après
les autres. Le monde s'est dissous. Impuissants, nous sommes
là, nous observons, nous discutons mais nous n'arrivons pas
à bouger, figés, comme des statues de marbre, comme si un
volcan nous avait enveloppé de sa lave incandescente. Elle
me dit :
Patrick Lowie, je sais que tout vous fait
penser à Mapuetos. Mais ce qu'il s'est passé là-bas est
atroce. Êtes-vous bien sûr que vous n'avez pas vu un train
à vapeur qui allait vers cette ville qui n'existe
pas ? Je lui explique que non, je n'ai rien vu,
pas de train pas de rails, rien.
C'est le deuxième rêve
que nous faisons ensemble, le précédent se passait à
Lisbonne, je me souviens vous avoir croisé en arpentant du
compas de mes longues jambes le Beco de São Luis de Pena
accompagné d'un clown qui m'en fit voir de toutes les
couleurs. Elle se retourne brusquement et
rétorque :
mais ce n'était pas un rêve cher ami,
c'était la réalité, réveillez-vous ! ….(après un long
silence) je vais vous dire que mon rêve le plus prenant,
le plus récurrent se situe autour de rails de chemin de
fer. Je lui propose d'y aller, dans les rêves tout est
possible. Nous marchons le long d'un chemin, parcours
d'un trajet conçu au début du XXème siècle pour qu’un train
à vapeur de marchandises puisse amener le bois et le charbon
de la gare d’un village vers un monde inconnu, ligne
utilisée par des petites entreprises locales.
Nous marchons le long de ce chemin de fer situé dans une
petite forêt en flammes elle aussi. Françoise Schein
dit :
les nouveaux hérétiques détruisent le
monde... je connais ces lieux... mais pourquoi ? Peut
être d’une vie antérieure… J’essaye de me souvenir de quel
autre lieu il s’agit, mais je n’y arrive pas ! Je
suis déjà venue ici, j'en suis sûr ! Je la sens
submergée par cette sensation de rêve récurrent, de paysages
qu'on revoit et revoit sans savoir où c'est et d'où ils
viennent. Les paysages oniriques ne viennent de nulle part.
Je dis :
ne pensez-vous pas que l'environnement,
l'écologie, doivent faire partie des droits humains ?
Peut-on revendiquer pour chacun, être humain présent et
futur, un droit à l'environnement ? Je ne veux pas
devenir le berger d'un troupeau de remords, mais ne
serait-il pas temps d'agir ? Je connais le lieu que
vous décrivez dans votre rêve. Je vous promets de vous y
emmener mais allons d'abord prendre un thé blanc au jasmin
au métro Concorde à Paris. J'aimerais lire toutes ces
consonnes et ces voyelles avec vous, puis de les mélanger
dans notre tasse de thé.
Qui est Françoise Schein ?
Françoise Schein artiste plasticienne est née à
Bruxelles en Belgique où elle a obtenu un diplôme
d’architecte avec Magna Cum Laude à l’Ecole de la
Cambre. Elle a aussi obtenu un Master Degree en « Urban
Design et Architecture » de l’Université de Columbia à
New York en 1979.. Puis, elle étudia l’art avec
l’artiste Robert Morris au Département d’Art de la NYU,
l’Université de New York avant de commencer sa propre
carrière d’artiste concentrant son travail sur des
problématiques esthétiques englobant des questions
sociales, urbaines et culturelles des sociétés
démocratiques. En 1997, elle a fondé l’Association
Inscrire, dans le but de créer des projets artistiques
dans des milieux marginaux et défavorisés. ( voir :
www.inscrire.com). Depuis 2004 Françoise Schein est
titulaire de son poste de professeur d’art à l’ESAM,
École Supérieure des Arts et Media de Caen et Cherbourg
en Normandie. En 2016-2017, elle a été artiste en
résidence à la prestigieuse Université UCL, Université
Catholique de Louvain à Louvain- la-Neuve en Belgique.
En 2014 une exposition rétrospective lui est consacrée
au Musée du Civa à Bruxelles, le Centre Internationale
pour la ville et l’Architecture. En 2015, cette même
exposition a été présentée au Musée de la FAAP à Sao
Paulo. Récemment le Musée Historique Nationale de Rio de
Janeiro a invité l’artiste à présenter cette
rétrospective. Une monographie de 200 pages lui est
consacrée aux éditions Mardaga : « Françoise Schein,
artiste des droits humains ». En 2014, elle a été élue
membre de l’Académie Royale des Lettres, des Sciences et
des Beaux Arts de Belgique. Nombreuses invitations de
conférences comme professeur-artiste invitée dans des
écoles d’art et d’architecture dont l’École
d’Architecture Quais Malaquais à Paris, l’Université de
Coventry en Angleterre dans le Département d’Art, le
Département d’Art de l’Université de Wolverhampton .
Elle a donné de nombreuses conférences à des publics
très diverses allant de celles des Écoles d’Arts à
celles des habitants des favelas ou encore a des groupes
professionnels: parmi eux à l’Université de Columbia de
New York, à l’Ecole de Design Parsons de NY , à
l’Université de Montréal, des écoles d’art françaises
parmi lesquelles celles de Rennes, de Tourcoing, de
Paris, Lyon, Dunkerque, à la Commission Européenne de
Bruxelles, à l’École d’Architecture du Caire en Egypte,
à Central South University of Forestry and Technology de
Shangsha et celle de Guanzouh en Chine, à l’Ecole de la
Cambre de Bruxelles régulièrement depuis 1981, à l’IAB,
l’Institut d’Architecture du Brésil de Rio de Janeiro, à
la UFF, Université Fédérale Fluminense de Niteroï et à
l’ École d’Art Parque Lage de Rio de Janeiro , à l’ESA
et St Luc de Bruxelles, à l’Université Catholique de
Mons, à l’UCL de Louvain, à la Art Academy of Palestine
de Ramallah, à Université de Lisbonne et à Vienne en
Autriche. Elle vit et travaille à Paris tout en suivant
le près possible ses projets dans le monde, spécialement
à Rio de Janeiro et São Paulo où elle a monté deux
ateliers de création de projets artistiques et sociaux.
Le travail de Françoise Schein est centré sur les
problématiques de cartographies mentales des lieux
composés de leurs multiples couches d’informations.
Depuis plus de 30 ans, elle a entrepris la construction
d’un réseau mondial d’œuvres monumentales dédiées à des
thématiques liées aux questions démocratiques et de
droits humains. Engagée politiquement et sensible à
l’évolution historique des droits fondamentaux, les
projets qu’elle construit dans le monde sont considérés
comme des monuments contemporains et sont entrés dans le
patrimoine des villes. Schein a inventé méthodologie de
travail artistique incluant de la pédagogie extrêmement
humaine qui produit des œuvres avec la participation de
population de classes sociales, d’âges et d’origines
très variés, allant de jeunes enfants de 10 ans à des
personnes du troisième âge. Sans barrière ni
pré-concepts, les participants invités, travaillent avec
l’artiste à la création d’importantes structures
urbaines. Comme un compositeur ou un chef d’orchestre
qui amènent tous les musiciens à former une seule œuvre,
Schein compose avec les mains et les styles des autres
qu’elle invite à l’intérieur même de son œuvre.
Fondatrice de l’association INSCRIRE, elle s’est donné
comme objectif de produire des projets artistiques qui
sont sous-tendus par une affirmation de la philosophie
des droits humains Créée avec des philosophes,
sociologues, architectes, juristes, d’autres artistes,
et de très nombreux volontaires intéressés par les mêmes
thématiques, Françoise Schein et l’Association Inscrire
ont réalisé un très grand nombre d’œuvres pérennes
urbaines dans des villes majeures dont Subway map
floating on a N.Y. sidewalk à Soho, New York (1985), la
station de métro Concorde à Paris sur le texte de la
Révolution française (1989-1990), Dyades la station de
métro St Gilles à Bruxelles sur les frontières de
l’Europe (1992), Les Grandes Découvertes à la station de
métro Parque à Lisbonne (1994), Pluie sur les
frontières, avec Michel Butor sur la façade du Centre
Culturel Beth Hagefen à Haïfa en Israël , sur les
frontières du pays et la paix et avec la
Palestine(1993), A City as a tree for Human Rights, sur
la façade du théâtre Municipal de Ramallah en Palestine,
Carl von Linnée or the Art of Looking, à la station de
métro Universitetet à Stockholm (1998) sur les problèmes
écologiques et environnementaux, Heinrtich Heine à la
station de métro Westhafen à Berlin sur l’immigration
(2000), A Vida daqui é linda à la station de métro
Siquiera Campos à Rio de Janeiro-Copacabana sur
l’esclavage et le racisme (2003), Ação Luz à la station
de métro Luz à Sao Paulo sur l’histoire du Brésil
(2009-2018 ), Le Grand Banket pour la Centrale for
Contemporary Arts de Bruxelles (2016), Wien Banquett der
Menschenrechte & seine Wächter, œuvre publique dans
le Museum Quartier de la ville de Vienne en Autriche, en
2017, elle a créé la première œuvre dédiée aux droits
humains à Port-au-Prince en Haïti. Mangez le Musée, est,
en 2018, sa plus récente une œuvre-fiction participative
pour le musée des Arts et Métiers de Paris.
Simultanément à ces œuvres, Schein a créé, « Inscrire
les droits humains sur les murs des Villes », un projet
artistique et pédagogique en forme de série, autour de
la Charte Européennes des Droits Fondamentaux et la
Déclaration des droits humains, qu’avec l’Association
Inscrire, elle développe dans les collèges et les lycées
dans le monde. Plus d’une centaine d’œuvres
participatives sur ce thème ont vu le jour. Françoise
Schein a aussi réalisé des oeuvres urbaines de
typologies différentes comme « Le jardin des Droits de
l’Homme » dans le parc des Rhododendrons à Brême en
Allemagne (2001), à Coventry en Angleterre (2005) elle
réalise une horloge urbaine monumentale, the ‘Time Zone
Clock’’ sur la ‘Millenium Plazza’ de la ville, En 2013
dans le XXème arrondissement de Paris, elle construit Le
Buisson Cartographique avec 150 habitants du quartier.
Entre 2009 et 2013, aux Mureaux, près de Paris dans une
commune difficile, elle a produit 4 oeuvres
participatives avec la population locale dont son
premier Banquet qu’elle a imaginé pour célébrer l’amitié
entre l’artiste et les habitants. Et toujours pendant
l’élaboration de ses projets urbains, Françoise Schein
dessine, peint, photographie et produit des
photo-montages, des sculptures, des vidéos. Pendant
toute sa carrière, elle a reçu un grand nombre de
bourses d’institutions publiques et privées, de
fondations et des dons privés pour l’aider à réaliser un
art engagé entre la connaissance et la démocratie
qu’elle réalise avec la participation des citoyens du
monde.
Voir en ligne :
le site de Françoise
Schein
Photo crédit :
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